Secteur bancaire : La bancarisation en baisse au Maroc ?

Par Ahmed Hasnaoui de lereporter.ma

Le taux de bancarisation va peu évoluer au cours des cinq prochaines années. Parole du cabinet SIA Conseil. Indirectement frappé par la crise, le secteur bancaire doit revoir à la baisse ses prévisions. «La crise va retarder les plans d'ouverture des agences des banques marocaines», apprend-t-on auprès des dirigeants de SIA conseil Maroc, cabinet conseil en management et stratégie opérationnelle. Ils affirment que la crise financière a affecté indirectement le secteur bancaire marocain, alors que ce dernier s’est engagé dans un large processus de développement du réseau. S’alignant sur la même idée, Matthieu Courtecuisse, fondateur et directeur général de cabinet SIA conseil Maroc,  explique, dans un entretien publié sur le site www.econostrum.info, que «les banques marocaines auraient intérêt à réviser leurs plans d’ouverture de nouvelles succursales dans le pays, afin de diminuer leurs coûts d’exploitation ». Tout en ajoutant qu’avec la diminution des transferts des migrants, la baisse des recettes touristiques et le repli des investisseurs étrangers, les banques vont avoir des problèmes de liquidités en devises. Le taux de bancarisation prévisionnel des banques ne sera pas atteint selon toute vraisemblance. Le rythme de la bancarisation sera plus faible au cours des trois, voire cinq années à venir.

Prévisions à la baisse
De ce fait, les objectifs d'ouverture des agence bancaires au Maroc restent les mêmes, mais le deadline  pour les atteindre est décalé d'un an ou deux. En effet, les banques marocaines sont engagées dans des plans de modernisation et d'amélioration de la productivité et de l'efficacité. En revanche, le directeur de cabinet reconnaît que, les banques marocaines se portent bien. Et au cours des dix dernières années de croissance au Maroc, elles se sont transformées en adoptant de nouvelles pratiques, et se sont renforcées. En dépit de la crise financière qui a fait tomber les mastodontes du secteur à l’échelle mondiale, ceux du Maroc ont pu esquiver les effets directs de cette crise. Par contre, les banques marocaines vont pâtir du ralentissement de la croissance économique du pays, indique la même source. En 2008, le cabinet SIA conseil a publié son dernier rapport portant sur le secteur bancaire marocain. Tout en prévoyant que le taux de bancarisation du Maroc devrait dépasser la barre des 60% à horizon 2013. L’impact de la croissance de ce taux sur la croissance annuelle du PNB, quant à lui, a été estimé à environ 1 %, soit un supplément de revenu national brut de 8 Mds dhs par an à partir de 2013. Pour le taux de bancarisation usuel utilisé par Bank Al-Maghrib, celui-ci correspond au rapport entre le nombre de comptes (y compris les comptes CCP et CEN ouverts chez Barid Al-Maghrib) et le total de la population. Il a atteint 40% de la population en 2007, soit « un niveau comparable à celui affiché par les pays de standing similaire, mais toutefois inférieur par rapport à celui des pays développés», souligne Bank Al-Maghrib. En France, ce taux a atteint les 98%.

Enorme potentiel
Le cabinet a également estimé que le réseau bancaire devrait atteindre 7.400 agences à horizon 2013 (dont 5.400 agences bancaires), soit une augmentation de 65% de la taille du réseau sur la période 2007-2013, avec un taux de croissance annuel moyen de 9% et près de 500 ouvertures annuelles en moyenne.

En chiffres, d’après le dernier rapport sur les implantations bancaires publié par la direction de la supervision bancaire de Bank Al-Maghrib en 2008, le réseau bancaire a enregistré une importante évolution avec 3.138 guichets au total, sans tenir compte des banques offshore. Ce réseau s’est élargi de 392 nouveaux guichets durant l’année étudiée.

La Banque populaire caracole en première position avec 746 guichets répartis sur le pays, soit 23,8% du total. La deuxième position revient à Attijariwafa Bank avec 701 agences, suivie par BMCE Bank (494 guichets), le Crédit Agricole du Maroc (297) et la Société Générale (279). Rappelons que les agences bancaires sont redevenues un canal de distribution pivot de la stratégie commerciale des banques. Sur le plan régional, Casablanca occupe la tête de fiche avec 933 guichets, soit près de 30% du total. Sans oublier que l'arrivée de la Banque Postale, qui a une très bonne couverture territoriale, impactera directement la politique commerciale des banques et les incitera à implanter de plus en plus de points de ventes sur l’ensemble du territoire national. Reste à savoir quelles seront les actions prises par les banques dans un contexte de crise ?

(Source : lereporter.ma )