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Promotion de la bancarisation en Afrique
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3 juillet 2008

Alliance Groupe BOA - BMCE

Entretien avec Paul Derreumaux, PDG du groupe Bank of Africa.

 

Paul Derreumaux.
Paul Derreumaux.

 

Propos recueillis par Adama Wade, Casablanca

 

Les Afriques : M. le Président, plus d’un an après l’acquisition d’une part stratégique de la BOA par BMCE Bank, quel est le plan de développement retenu par les deux ensembles dans un milieu africain en phase de consolidation ?
Paul Derreumaux : L’accord définitif BOA/BMCE est en fait beaucoup plus récent, puisqu’il est devenu effectif le 25 février 2008. L’un des attraits qu’avait très vite présenté cette alliance, dès le début des négociations entre les deux parties, était la convergence remarquable des visions et des stratégies de la BMCE et du groupe Bank of Africa. Notre groupe est, depuis son origine en 1982, totalement dédié à l’Afrique et notre ambition est, depuis plus d’une dizaine d’années, de construire le réseau le plus large possible en Afrique subsaharienne, basé sur des banques commerciales solides et innovantes et étendu à d’autres composantes du système financier. La BMCE, quant à elle, a opéré une mue profonde depuis sa privatisation en 1995, pour s’implanter fortement dans la banque d’investissement et d’autres activités financières, et pour s’investir activement à l’international, notamment en Afrique. Dès lors, le plan de développement arrêté conjointement par le nouvel ensemble était simple à définir. D’une part, il est prévu que tout projet de banque en Afrique subsaharienne sera mené par BOA Group, la holding du groupe Bank of Africa, sous la marque Bank of Africa. D’autre part, il est décidé que les futures implantations de banques d’affaires initiées par Medicapital, banque d’investissement du Groupe BMCE Bank, seront menées en joint-venture Medicapital/Bank of Africa dans tous les pays où notre réseau est présent.

LA : Pourquoi la BMCE ?

Paul Derreumaux : Un nouvel actionnaire devait répondre à trois critères : tout d’abord, trouver un allié respectueux de la poursuite de notre plan stratégique, inchangé depuis la création du groupe ; ensuite, retenir un partenaire banquier d’une taille suffisante ; enfin, donner la priorité à une institution du Sud. La BMCE a clairement répondu à ces trois contraintes. Sa participation est désormais de 35% dans capital de BOA Group, et un pacte d’actionnaire a été conclu avec les actionnaires privés, qui restent les actionnaires les plus importants de la holding : privés : 49% ; BMCE : 35% ; autres institutions : 16%.

 

LA : Parmi la dizaine de pays où la BOA est présente, quel est celui où il entend jouer un rôle de leader dans le futur ?
Paul Derreumaux :
Nous sommes déjà leaders aujourd’hui au Bénin, à Madagascar, et bientôt dans un troisième pays, et nous sommes positionnés parmi les banques de référence dans tous les pays d’Afrique de l’Ouest. En Afrique de l’Est, au Kenya, en Ouganda et en Tanzanie, nous sommes implantés depuis moins de 4 ans, parfois beaucoup moins, et nous occupons donc des positions plus modestes, mais en progrès réguliers. Pour répondre à votre question, je dirais que nous raisonnons aujourd’hui plus en termes de zones géographiques que de pays. Ainsi, en zone UEMOA, nous avons l’ambition de consolider nos parts de marché, dans la plupart des cas de les augmenter, mais surtout de poursuivre une croissance globale dans toute la zone.
En Afrique de l’Est, nous sommes une des rares banques à être établie dans les trois pays de l’East African Community et nous comptons beaucoup sur cette synergie pour devenir un acteur important du paysage bancaire dans cette région. A Madagascar, nous détenons le plus grand réseau de l’île et la BOA-Madagascar est une banque à forte rentabilité, solide, et particulièrement bien implantée dans son environnement. Bien entendu, nous avons de nombreux dossiers dans nos cartons, même si nous n’avons pas l’habitude de claironner à l’excès nos projets.

 

LA : L’absence de la BOA dans les bourses régionales africaines n’est-elle pas finalement sous-valorisante ? A combien évaluez-vous vos actifs à la fin du premier trimestre 2008 ?
Paul Derreumaux : Deux Bank of Africa, celles du Bénin et du Niger, sont cotées à la Bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM) d’Abidjan, la première depuis près de 10 ans. Leurs titres se portent bien, sont bien rémunérateurs pour leurs actionnaires et sont, depuis leur entrée à la cote, en hausse forte et constante. De plus, nous projetons d’introduire à la BRVM d’autres BOA de la zone UEMOA, dans les mois et les années à venir. Il est clair que la présence d’une entreprise sur le marché boursier contribue à sa dynamisation, garantit sa transparence et lui permet de faire appel à des financements significatifs. Mais c’est aussi un processus long, qui demande des préalables importants pour être mené avec un maximum de garanties de succès. Malgré cette prudence, notre objectif d’une entrée en bourse de toutes les BOA a été clairement affirmé et sera strictement respecté selon un calendrier qui optimisera les chances de réussite à court et moyen termes de ces opérations. De même, la cotation de notre société holding a été explicitement retenue dans les accords conclus avec la BMCE et sera la clé de voûte de cet ancrage de notre groupe dans les marchés financiers.
En ce qui concerne nos actifs en fin de premier trimestre 2008, nous les évaluons à environ 2,2 milliards d’euros, soit quelque 3,5 milliards de dollars, en termes de bilan consolidé, ce qui fait du groupe Bank of Africa l’un des grands groupes bancaires d’Afrique.

 

LA : Par quel mystère ce groupe a-t-il été fondé au tout début ? Quelles garanties avait le PDG et fondateur que vous êtes en ralliant l’Afrique après avoir laissé une vie tranquille de fonctionnaire en France ?
Paul Derreumaux :
Il n’y a aucun mystère, mais il est clair que la BOA est une expérience atypique, ce qui la rend d’ailleurs sans doute si attachante aux yeux de beaucoup. La première création, celle de la Bank of Africa-Mali (BOA-Mali) en 1982, répondait à un objectif simple : donner la preuve qu’il était possible de créer et de faire vivre, dans un environnement bancaire régional composé, à l’époque, quasi uniquement de grandes banques étrangères – surtout françaises – et de banques d’Etat, une banque à capitaux entièrement privés, très majoritairement africaine, indépendante des grandes multinationales mais capable de montrer le même professionnalisme, tout en s’efforçant de mieux répondre aux besoins de la clientèle locale. Malgré le caractère alors iconoclaste de cette initiative d’investisseurs maliens, le pari fut gagné en 2 ans, la BOA-Mali ayant alors montré sa viabilité et sa rentabilité. Au vu de cette réussite, j’ai créé avec quelques amis la société African Financial Holding (AFH), maintenant BOA Group, en vue de réaliser progressivement toutes les conditions requises pour reproduire avec le même succès cette expérience dans d’autres pays et de mettre en œuvre cette stratégie de déploiement. Le reste n’a été qu’une question de ténacité, de travail, et de forte solidarité entre tous les acteurs du groupe, en bref, tout ce qui peut constituer une belle aventure humaine. Sur l’autre aspect de votre question, je ne disposais bien évidemment d’aucune garantie, mais vous savez bien que l’entrepreneur n’en dispose jamais. La question ne s’est tout simplement pas posée…

 

LA : Quel bilan faites-vous durant cette période de l’évolution des banques africaines ?
Paul Derreumaux : Cette question est trop vaste pour espérer y répondre en quelques mots, mais, en résumé, je fais le constat d’un secteur qui a structurellement profondément et positivement évolué, depuis une trentaine d’années : plus de professionnalisme, plus de contrôle, plus de concurrence, donc plus d’émulation profitable au client, et plus d’implication dans le développement économique de nos pays, notamment.
Nous observons également, et c’est plus récent, l’émergence de groupes africains, ce que j’interprète comme un très bon signe pour le développement de notre continent.
Enfin, dernière tendance qui marque une révolution majeure, un décloisonnement total des champs d’opérations : les banques marocaines ou nigérianes investissent hors de leur pays, les banques anglophones pénètrent les marchés francophones, les groupes francophones s’établissent en zone anglophone, etc. Le marché devient donc continental, totalement ouvert, avec tous les jeux d’alliances, de fusions et de guerres commerciales que cela implique, sans compter la possibilité d’implantation future de groupes non africains, chinois ou indiens par exemple.

(Source: LesAfriques.com)

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P
Les pâys du magrehb sont progressivement entrain de prendre véritablement pied dans nos pays d'Afrique de l'Ouest. Pourvu que l'expérience de Air Sénégal serve de leçon.
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