Tunisie : les banques n'échapperont pas à la consolidation
« Il y a trop de banques en Tunisie, surtout publiques. Comment
voyez-vous évoluer le secteur d’ici cinq à dix ans ? » C’est par ces
mots directs que Meriem Smida, chargée de l’Afrique du Nord pour le
fonds de capital-risque Actis, interpellait les banquiers tunisiens
présents à Londres, le 16 juin, lors d’un forum sur l’investissement en
Tunisie organisé par la banque d’affaires et d’investissement marocaine
MediCapital et la société de Bourse tunisienne Axis. Trop nombreuses et
de petite taille, regorgeant de liquidités, peu ouvertes à
l’international, chères aux yeux des clients et des éventuels
investisseurs, comme les fonds d’investissement étrangers : les vingt
banques tunisiennes (pour 10 millions d’habitants) vivent en vase clos.
Mais cet isolement, s’il les a protégées de la crise financière,
atteint ses limites « Le marché est trop petit pour autant de banques
universelles. C’est indéniable. Des rapprochements sont inévitables »,
avance Slaheddine Ladjimi, directeur général de la Biat, la première
banque privée du pays. Un point de vue nuancé par Houssein Mouelhi,
directeur général adjoint d’Amen Bank : « Il y a plutôt trop
d’établissements qui font la même chose. Certains devraient évoluer et
occuper des niches comme la banque d’affaires ou le
capital-investissement. » Soit. Mais la fusion de banques, publiques
et/ou privées, donnerait naissance à un ou deux établissements à
l’effet de levier démultiplié. « Dans de nombreux pays, c’est le
système financier qui tire l’économie. En Tunisie, c’est l’inverse »,
déplore un responsable de fonds basé à Londres. Une rationalisation qui
doit aussi faire basculer le secteur dans l’internationalisation, à
l’image du modèle marocain avec l’offensive de BMCE et d’Attijariwafa
Bank en Afrique. « On manque d’un champion national qui représente la
Tunisie à l’extérieur du pays et qui accompagne les entrepreneurs à
l’étranger », lance Férid Ben Brahim, directeur général d’Axis. Mais ce
que tout le monde pense et que personne ne dit : c’est que la
rationalisation du secteur bancaire tunisien ne s’effectuera qu’avec
l’aval du pouvoir politique.
(Source: Jeune Afrique)