Evolution du niveau de bancarisation des pays de l'UEMOA entre 2002 et 2012
Les pays de l'Union Monétaire et Economique de l'Afrique de l'Ouest ont entrepris depuis plusieurs années une lutte pour la démocratisation des services bancaires et financiers. Les autorités publiques au plus haut niveau se sont impliquées dans la promotion des services financiers formels à travers diverses initiatives nationales. L'autorité monétaire de l'Union a joué et continue de jouer sa partition à la travers la modernisation des systèmes de paiement, la mise en place d'une centrale d'incidents des paiements et le renforcement du contrôle des structures de microfinance pour assurer une meilleure sécurité des avoirs des populations. Tous ces efforts concourent à l'amélioration de l'accessibilité des systèmes financiers formels dans toute la sous-région. Mais dans quelle proportion se situe cette amélioration? Est-elle uniforme dans les huit (08) pays membres de l'Union? Sinon, qui fait mieux que qui? Et qu'est ce qui pourrait expliquer ces différences? Ce sont là des questionnements légitimes qui méritent des réponses issues d'une analyse approfondie de la situation individuelle de chaque pays. Notre objectif n'est pas de répondre à toutes ces questions, mais de jeter la lumière sur le chemin parcouru par les pays de l'UEMOA entre 2002 et 2012 et de faire ressortir les différences qui existent d'un pays à l'autre.
Taux de bancarisation des populations de 15 ans et plus
Pour apprécier l'amélioration du niveau d'accessibilité des systèmes bancaires et financiers, nous avons choisi l'indicateur du taux de bancarisation (des populations de 15 ans et plus). Il s'agit d'un rapport brut entre le nombre de comptes bancaires ouverts et la taille de la population d'un pays. Malgré ses imperfections, cet indicateur traduit quelque peu le niveau de pénétration des services bancaires et financiers. Nous nous limitons à ce seul indicateur d'autant qu'il s'agit d'en comparer la valeur entre 2002 et 2012.
Le graphique ci-dessus montre la progression du taux de bancarisation entre 2002 et 2012. Tous les pays de l'espace communautaire ont enregistré une nette amélioration de leur niveau de pénétration des services bancaires. La progression la plus fulgurante est celle enregistrée par le Niger qui passe de 0.5% en 2002 à 3.8%. Il est suivi de la Côte d'Ivoire qui enregistre en 2012 avec 24.2%, comme en 2002 avec 6.8%, le meilleur taux de bancarisation de l'Union. Il s'agit d'une très bonne évolution si on prend en compte la situation socio-politique qui a prévalue dans ce pays pen,dant la décennie de comparaison. Les pays qui font moins bien en terme d'améliroation du niveau d'accès des systèmes bancaires et financiers sont le Burkina Faso qui passe de 5% en 2002 à 10.6% en 2012, puis le Sénégal qui passe de 5.9% à 14%.
La Guinée-bissau se bancarise davantage
Il nous paraît important de retenir le très bon taux de bancarisation de la Guinée-Bissau même si l'appréciation de la progression n'est pas possible en raison de l'absence de données pour 2002. Avec un taux de bancarisation de 7% en 2012, supérieur de loin à celui du Niger, la Guinée-Bissau enregistre là une évolution très positive de du niveau d'accès à son système bancaire. Ce pays a intégré l'espace UEMOA en 1997 et avait un seul guichet bancaire en 2002. Il dispose en 2012 de 23 guichets. Cette évolution est d'autant plus appréciable que le pays a connu la décennie écoulée des soubresauts importants au plan socio-politique.
Coefficient de progression des niveaux de bancarisation
Le graphique ci-dessus permet de visualiser davantage le niveau de progression des taux de bancarisation dans les différents pays de l'espace communautaire. Comme souligné plus haut, c'est le Niger qui enregistre la plus forte progression avec un coefficient de 7.95 points. Ce qui signifie que le taux de bancarisation s'est multiplié par huit (08) environ entre 2002 et 2012. Il s'agit d'un très bon coefficient mais le taux de bancarisation de ce pays demeure faible et des actions sont certainement néeccaires pour maintenir cette dynamique et la renforcer.
Le pays suivant est la Côte d'Ivoire avec un cofficient de 3.5 points. Cela traduit quelque peu la résilience du secteur bancaire et financier qui a su s'adapter pour continuer à s'ouvrir aux populations malgré la période de crise.
La Côte d'Ivoire est suivie par le Bénin avec 3.3 points puis du Togo avec 2.5, du Mali avec 2.4, du Sénégal avec 2.3 puis du Burkina Faso avec 2.1 points comme coefficient de progression du taux de bancarisation.
On peut retenir de cette étude comparative que les pays de l'UEMOA ont enregistré entre 2002 et 2012, une nette progression du niveau de bancarisation. Au niveau de l'UEMOA, le taux s'est accru en moyenne de 185% en 10 ans et s'établit à 14.3% . Bien que appréciable, ce taux demeure faible par rapport au 50% déjà franchi par l'Afrique du Sud, le Maroc et la Tunisie. Il est extrêmement faible lorsqu'on le compare au taux supérieur à 90% des pays développés. L'objectif d'un taux de bancarisation de 50 voire 75% de l'UEMOA est lointain, mais certainement pas inacessible. Pourvu que la tendance se poursuive et s'amplifie.