Délai d'encaissement d'un chèque dans l'UEMOA
« J'ai déposé mon
chèque à l'encaissement depuis plusieurs jours et jusqu'à présent
mon compte n'est pas crédité » ou « Voici les preuves
qu'un virement a été fait sur mon compte depuis un moment mais je
n'ai rien reçu à ce jour » ou encore « On m'a
dit que les systèmes de paiement sont automatisés mais c'est
toujours difficile d'être crédité à temps » Ces plaintes
sont fréquemment faites par les clients des institutions bancaires à
leurs chargés de clientèle qui ont parfois du mal à expliquer et se faire
comprendre. Les banques sont très souvent mises à l'index, accusées
de tout et traitées de tous les noms. Elles sont parfois fautives.
C'est vrai. Mais elles n'en sont parfois pour rien dans la lenteur
constatée par le client qui attend un mouvement positif sur son
compte. Ce qu'il est important de savoir est qu'un chèque à
l'encaissement ou un ordre de virement suit obligatoirement un
circuit qui est plus ou moins long suivant les banques mais qui est
également fonction de la nature de l'instrument et des conditions de
délivrance.
Que dit la loi?
La loi qui s'applique en matière de délai de paiement est le règlement N°15/2002/CM/UEMOA relatif aux systèmes de paiement dans les États membres de l'Union Économique et Monétaire Ouest Africaine en abrégé R15.
L'article 14 du R15 dit exactement ce qui suit :
« Le délai de paiement du client, calculé à partir du moment où l’instrument ou l’ordre de paiement initial parvient à un guichet de banque (remise d’un ordre de virement, dépôt d’un chèque pour encaissement), jusqu’au moment où le compte du bénéficiaire est crédité, est réparti en trois périodes ainsi définies :
le temps de préparation de l’opération avant remise en compensation qui ne peut dépasser quarante huit (48) heures ;
le délai de règlement de l’opération au compte de la banque bénéficiaire imposé par le système de compensation ;
l'intervalle appelé « délai de ‘‘float’’ » situé entre le jour où la banque a reçu les fonds sur son compte à la Banque Centrale (résultat de la compensation) et le jour où ils sont crédités au compte du client bénéficiaire fixé à un maximum de trois (3) jours.»
Les points 1 et 3 accordent un délai de 5 jours aux banques auquel il faudra ajouter la durée du règlement de l'opération à la compensation. La convention de compensation signée entre la Banque Centrale et les banques primaires dans le cadre de la mise en place de la télé-compensation indique que les virements sont réglés au jour J et les chèques au jour J+1 sauf rejet par la banque du tiré.
Ainsi, un client peut attendre jusqu'à six (06) jours s'il est bénéficiaire d'un virement et, sept (07) jours s'il dépose un chèque à l'encaissement. Il faut noter qu'il s'agit de jours ouvrés. Le week-end et les jours fériés ne sont pas pris en compte.
Une banque est n'est donc
juridiquement condamnable que s'il fait attendre un client plus de 6
ou 7 jours ouvrés pour un ordre de virement ou un chèque à
encaisser; encore faudrait-il s'assurer que l'instrument n'est pas
entaché d'irrégularités. Un ordre de virement mal libellé, un
chèque sans provision, sans les mentions obligatoires ou raturé
peut rallonger le délai d'attente.
Que retenir ?
La loi fixe le délai maximal. Elle n'en impose aucun hormis le délai de règlement de l'opération à la compensation qui est d'un jour pour le virement et de deux jours pour le chèque. Les banques ont donc une grande marge de manœuvre et peuvent faire jouer leur savoir faire et leur maîtrise des opérations à la clientèle. Il est possible (et d'ailleurs courant) qu'au bout de 48 heures, une banque vous crédite pour un chèque à l'encaissement. Chaque client d'institution bancaire doit inciter sa banque à faire diligence et à ne pas se réfugier derrière le délai maximal accordé par les textes. Dans tous les cas, le temps que met une institution pour créditer son client peut constituer pour ce dernier un indicateur de l'efficacité de son banquier. Et mieux vaut en changer si cet indicateur est mauvais.